Retour
Le Bain forcé de notre garde champêtre
                Dans les années trente, deux couples de retraités habitaient en bas de la rue du Grand Four , l'Albert Barthélemy et son épouse la Marie Néde, dite Marie Pêcheur anciens agriculteurs , et en face les Beneux, Claude-François Auguste, ancien agent de la compagnie des chemins de fer de l'Est, et son épouse Maria Louise Rosalie née Gaudard.
                 Les relations entre les deux couples étaient des plus tendues. Au moindre prétexte c'était des disputes interminables : la grosse voie de l'Albert répondant aux criaillements de la mère Beneux alors que la Marie, toujours malade, soutenait son mari depuis son "poêle"en poussant des glapissements aiguës. le Claude-François aurait pus, lui aussi, y aller de sa petite chanson, et bien non, il restait terré dans son salon.
                 Ces querelles amusaient tout le village. L'Albert, en plus de ses fonctions de garde-champêtre, était chargé de battre tambour et de nettoyer les fontaines. Mécontente du nettoyage de la fontaine"du bas", un certain jour la "mère Beneux", après en avoir informé tout le village, décide d'en effectuer elle même l'entretien. Averti le garde trouve son irascible voisine en plein travaux de nettoyage de la fontaine. Une dispute éclate, on en vient aux mains et le garde est poussé dans le lavoir. Injures et voies de faite sur un agent de la force public ! L'Albert porte plainte et sa voisine se retrouve au tribunal correctionnel.
             L'accusée prend comme défenseur maître Bergeret avocat à Vesoul. La lecture d'une lettre adressée à sa cliente par le dit avocat, peu avant le procès est édifiante. "Vous êtes connue comme une très brave femme mais un peu trop impulsive" écrit-il, et il ajoute"lors de l'audience tâchez de montrer au tribunal que vous êtes plus calme qu'on ne le dit, soyez très discrète l'audience et répondez calmement et brièvement aux questions que l'on vous poseras et laissé moi faire, tout ira bien",et de terminer"dommage que Madame Barberot (la Thérèse) qui lavait son linge à la fontaine, est déclaré n'avoir rien vu n'y rien entendu. Quant à Monsieur Barberot ( le Paul) il a bien entendu la dispute, sans rien comprendre, et déclare avoir vu le garde remonter la rue tout mouillé.
               Madame Beneux est relaxée au bénéfice du doute et l'Albert en restera longtemps mortifié ce qui n'arrangera pas les contacts de voisinage.
                Claude-François Auguste, décéderas le 25 janvier 1947. les altercations deviendrons rares, on s'ignore! La Marie rendra son âme à Dieu le 15 novembre 1956. L'Albert et son ennemie jurée deviendrons les meilleurs amis du monde et finiront leurs jours pratiquement ensemble. Marie-Louise- Rosalie quittera ce monde le 28 février 1960 et notre ex garde-champêtre le 7 décembre 1961.

Haut de page