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Le Clerc-Chantre Républicain

Le 30 avril 1893 le conseil municipal est réuni en session extraordinaire afin de statuer sur la réclamation présentée à monsieur le préfet par Barberot Jean-Baptiste.
« Monsieur le maire soumet au conseil la réclamation du sieur Barberot Jean-Baptiste adressée à Monsieur le Préfet dans le but d’obtenir le salaire du clerc-chantre.
Après examen de cette réclamation le conseil reconnaît qu’elle est en partie fausse et engage le maire à ne pas mandater cet individu qui c’est injustement emparé des fonctions de clerc-chantre dans les circonstances suivantes :
Le 1 er octobre dernier un nouvel instituteur arrivait dans la commune et, sur la proposition de monsieur le maire, acceptait de se charger des fonctions de clerc-chantre.
Cet instituteur a contracté ; dans l’exercice de ses fonctions, une maladie de la gorge qui lui occasionne l’affection dont parle le réclamant. Pour moins se fatiguer et avoir plus de commodité il a demandé à être aidé dans le chant. Immédiatement Monsieur Barthélemy Jules, actuellement adjoint au maire, c’est offert à le seconder.
Durant trois dimanches consécutifs l’instituteur et Monsieur Barthélemy ont chanté. Une entente parfaite c’était faite entre ces deux hommes : le dernier dans le but de soulager l’instituteur chantant la presque totalité des choses avec d’autres jeunes chantres tandis que l’instituteur ne chantait que ce qui nécessitait une certaine connaissance du plain-chant et s’occupait spécialement de la direction du chant.
Tout se passait bien et, sans mépriser personne, on chantait mieux qu’aujourd’hui.
Un vieillard de la commune vient à mourir (le beau-frère du trésorier de la fabrique). L’enterrement devait avoir lieu un jeudi et, l’instituteur devant s’absenter, est venu prévenir Monsieur le curé lui disant qu’il enverrait son aide-chant c’est à dire Monsieur Barthélemy, pour chanter l’enterrement.
Monsieur le curé a répondu à l’instituteur de ne personne envoyer et de ne pas s'inquiéter du chant. Il l’a même prié de ne pas chanter non plus le dimanche. L’instituteur a fait remarquer à Monsieur le curé qu’il pouvait, sans inconvénients et sans fatigue, se charger du chant dans les conditions où il s’effectuait depuis trois dimanches et comme nous venons de l’expliquer. Monsieur le curé a insisté d’une façon très négative (il avait pourtant accepté les deux chantres !).
L’heure de l’enterrement étant arrivé on a constaté avec surprise dans la commune que ce n’était aucun des chantres habituels qui chantait mais bien Monsieur Barberot auteur de la réclamation ci-jointe.
Immédiatement, Monsieur le maire, après avoir constaté le fait et entendu le récit de l’entretien qui venait d’avoir lieu entre l’instituteur et Monsieur le curé, a comprit que l’on ne voulait plus de l’instituteur et de Monsieur Barthélemy pour chanter mais que l’on préférait Monsieur Barberot. Pourquoi Monsieur le curé s’opposait t’il à ce que l'instituteur chante seul l’Introït, l’Offertoire, la Communion, etc.. Monsieur Barthélemy aurait chanté seul si cela avait été nécessaire mais l’instituteur s’acquittait très bien de cette tâche.
Néanmoins les deux chantres dont nous parlons ne sont plus allés au lutrin puisque Monsieur Barberot c’était emparé de la place.
Le conseil c’est justement ému de ces faits qui ne sont qu’une odieuse machination de parti :
Monsieur Barthélemy est un de ces républicains dévoués et ouverts et nous regrettons que sa présence au lutrin est pu blesser quelques consciences. Nous n’hésitons pas à déclarer que lui, et l’instituteur, ont été chassé du lutrin. Puisque la commune paye le chant on devrait accepter ceux qui étaient désignés pour ces fonctions par l’autorité locale par qui ce soin est bien fait.
Tels sont les motifs, Monsieur le Préfet, pour lesquels le conseil refuse énergiquement un salaire à un homme qui lui a été imposé. Ce n’est pas, comme Monsieur Barberot se plaît à le dire avec excès d’éclat, l’infirmité de l’instituteur qui l’a placé au lutrin ; ce fonctionnaire a fait tout ce qu’il devait faire et rempli ses fonctions à la satisfaction générale.
En conséquence nous nous opposons formellement au paiement de Monsieur Barberot que nous ne reconnaissons pas comme clerc-chantre et nous espérons en la haute justice de Monsieur le Préfet pour ne pas nous laisser imposer un homme par quelques membres du parti adverse qui n’ont d’autres buts que de contrarier les actes des administrateurs dévoués au gouvernement.

Signé : Clavier, Lachassine, Crapoix, Néde, Bartélemy , etc.. »

Note de la rédaction : Aux élections de 1892 la majorité sortante, au pouvoir depuis 1803, composés de Royalistes et ayant à sa tête Porcherot et Barberot, est battue par les Républicains qui s’empresse de changer d’instituteur et de clerc-chantre. Par contre il nous a été impossible de savoir si les Républicains ont réussi à remettre un clerc-chantre de leur tendance avant leur défaite aux élections suivantes.

Sources : Archives départementales de la Haute-Saône, Registre des délibérés du conseil municipal de la commune de Fouchécourt.

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