La fuite du Roi Louis XVI, le 20 juin 1791, jette le désarroi en démontrant la faiblesse de son pouvoir, et augmente l'audace des "révolutionnaires" campagnards : Jean-François Salivet, seigneur de Fouchécourt s'en aperçoit sans tarder, des menaces des premiers temps, on passe aux sévices. Alors qu'il est à Vesoul, l'église de Fouchécourt est assaillie : Extrait des délibérations du conseil municipal :
" Aujourd'hui 17 juillet 1791 la municipalité de Fouchécourt étant assemblée pour la séance on nous est venu avertir que l'on dévastait l'Eglise de la communauté du dit Fouchécourt lequel faisait un grand scandale en l'Eglise, nous maire et officiers municipaux nous avons quitté la séance et nous avons reconnu qu'on avait ôté une barrière de bois qui était au devant du sanctuaire et qu'on avait jeté devant la porte les objets de l'Eglise. Nous n'avons pus reconnaître les dévastateurs qui se tenaient au fond de l'attroupement et qu'ils avaient fini quand nous sommes arrivé.
Fouchécourt ce dix sept juillet 1791. "
Avons signé Jean-Claude Crapoix le maire, Valentin, Néde, Joseph Gérard, Jean-Baptiste Pioche officiers municipaux.
Le seigneur dénonce cette agression au Directoire Départemental et demande la protection des autorités :
A Fouchécourt, le 18 juillet 1791
Messieurs du Département de la Haute Saône,
Supplie humblement Jean-François Ignace Salivet citoyen actif, demeurant à Fouchécourt, et dit : Que s'étant rendu à Vesoul le 14 courant pour ses affaires, et ayant laissé à la maison trois domestiques et trois petits enfants de 9 jusqu'à 5 ans, il ne serait pas attendu à de nouvelles injures de la part de certains quidam du lieu qui l'ont déjà fait souffrir, ainsi que ses propriétés depuis deux ans. Cependant hier, 17 courant, à l'issue de la grand'messe, ces quidam menacèrent sa maison et ses propriétés, disant publiquement qu'il était à Bâle avec des aristocrates, tandis qu'il avait l'honneur de dîner en maison tierce, causant avec des amis qui peuvent en témoigner. Ils se portèrent ensuite à l'église où ils passèrent à la chapelle du dit Salivet. Là, ils brisèrent et enlevèrent la serrure de la porte qui la ferme et enlevèrent la balustrade qui la sépare du chœur de la dite église et rendirent la chapelle commune à chacun. Le suppliant à l'honneur de vous faire observer, Messieurs, que son aïeul a acheté cette place dans l'église et a fait construire à ses frais une chapelle pour lui : il y a fait placer un banc, séparé de l'église par un grillage ou balustrade dont depuis 100 ans il jouit, lui et ses descendants.
Le suppliant connaît le décret de l'Auguste Assemblée Nationale depuis le 10 courant qu'il à été publié à Fouchécourt mais il croit être dans l'exception qu'il renferme : il ne demande pas de punitions contre ses persécuteurs, mais il supplie Messieurs les Présidents et membres du Département de la Haute-Saône de vouloir bien nommer un commissaire, de quel tribunal ils jugeront à propos, pour reconnaître les lieux, et aux frais de qui il appartiendra, si suivant l'esprit du décret, il a droit de conserver la chapelle ou non, et pour ensuite se soumettre avec la plus grande résignation, à ce qui sera décidé à cet égard et qui fera justice.
Jean François Salivet
Le Directoire du Département fait procéder à une enquête. Les dépradations sont constatées mais…cela ne va pas plus loin.