Le village de Fouchécourt Retour  
Les réquisitions de l'An II dans le district de Jussey (70)

           

                  Le déclenchement de la Révolution française a eu des conséquences d’une importance capitale dans l’histoire de l’Europe et dans celle de notre pays.
                Les grandes puissance voisines de la France furent d’abord assez satisfaites des difficultés considérables auxquelles l’un des états les plus puissants d’Europe se trouvait confronté, pensant, dans un premier temps, que ce voisin orgueilleux et ambitieux serait suffisamment occupé par ses ennuis intérieurs pour ne pas se mêler des affaires des autres.
            Mais, elles durent très vite déchanter quand elles s’aperçurent que la contagion révolutionnaire se moquait des frontières et que le virus s’installait dans leur propre pays. Aussi très vite et dans un premier temps, la Prusse, l’Autriche et l’Angleterre ne virent qu’une solution : écraser la Révolution française, chez elle et le plus vite possible.
            Pour faire face à l’invasion, les comités révolutionnaires des « distincts » durent procéder à de lourdes réquisitions qui allaient faire regretter aux villageois le temps des seigneurs. Lourdement imposés il leur faudra transporter grains, vivres, viandes et fourrage aux dépôts de l‘armée révolutionnaire à Jussey, Luxeuil, Besançon et même Strasbourg et Colmar (avec des bœufs !)Il faut prendre la mesure de l’effort demandé aux paysans : Strasbourg est situé à environ 250 km de Fouchécourt. Renseignements pris à bonne source deux bons bœufs étaient capables, en une journée, de tirer une charge de 4 à 5 tonnes sur 25 km, soit une vingtaine de jour pour le voyage aller-retour.
            Les ordres de réquisition émanent du comité révolutionnaire du district. (Jussey). Les termes sont d’abord persuasives.....empreint d’un grand humaniste :
            « Besançon manque de pain, cette place frontière vous en demande, en subvenant à ses besoins vous aurez le double avantage : vous mettez votre intérêt personnel à couvert puisque vous restez sain et sauf, vous payer de plus une dette à la douce fraternité puisque ce sont vos frères que vous arrachez des bras de la mort la plus cruelle, celle de la faim... »
            ou font appel à la responsabilité ::
            ..songe à ta responsabilité, songe que nous t'avons rendu notre vrai grandeur et, qu’à coup sur, nous ne sommes pas près de nous démentir, ferme l'oreille aux restaurations, toutes sont à ce jour inadmissibles. Les besoins de ce jour sont prenants, ils doivent faire l'unique objet de notre sollicitude. Oublions nos propres intérêts, les présents comme les futures »
            n’oubliant pas d’ajouter :
            « ...à la réception du présent arrêté vous voudrez bien nous instruire de l'effet qu'il produira. Nous aimons à croire qu’il sera favorable et que nous n'aurons pas le désagrément d'apprendre que l’on trouvera des récalcitrants.
            et se continue par des menaces de sanction :
            « ..la livraison et le port ne devrons souffrir d’aucun retard, le terme fatal est fixé au mois prochain. Vous êtes prévenu que le lendemain les peines qu’inflige la Loi leur seront irrémédiablement appliquées.. »
            « ...pour la prompte et parfaite exécution du présent arrêté, de prendre toutes mesures révolutionnaires en ne considérant, dans les différentes occasions, que leur patriotisme, l'équité est l'affaire de la fraternité. Tout rebelle ou réfractaire, sera traduit dans la maison d'arrêt... »

            Le comité révolutionnaire, ne faisant pas confiance à l’esprit patriotique des citoyens, prends des mesures drastiques : :
            Responsabilise les maires et officiers municipaux... :
            « ...pour la prompte et parfaite exécution du présent arrêté vous êtes prié, citoyen maire, de prendre toutes mesures révolutionnaires en ne considérant dans les différentes occasions que votre patriotisme, L'équité est l’affaire de la fraternité. Tout rebelle ou réfractaire sera traduit dans la maison d'arrêt »:
            « Au nom du Salut Publique vous êtes requis citoyen maire....vous userez de la voie de la réquisition sur tous les cultivateurs de votre commune faute par vous d’y satisfaire vous serez traité comme traître à la patrie et puni comme tel....que toute violation du délai de livraison est un attentat à la Liberté que vous ne pouvez vous dispenser dans cette opération de la plus grande activité mais que pour remplir votre tâche avec efficacité vous aurez un agent de la classe d'un patriote vigilant, impartio et expéditif ».
Il s’agit en fait de commissaires choisis dans une autre commune. Un exemple parmi d’autres : il est précisé au citoyen Jean-Claude Noblot de Venisey, commissaire chargé de veiller à la bonne exécution des ordres de réquisition à Fouchécourt : « ...d’y rester jusqu’au moment qu’il verra partir le dernier grain et le dernier fétu du contingent........il aura attention de ne point frapper sur ceux qui ont déjà contribué à ces fournitures... » arrêté du 28 floréal An II ( 17 5 1794).:
            Le transport des denrées réquisitionnées est assurée par une tierce personne : Barberot sera chargé du transport du contingent de Coudry qui lui même transportera celui de Porcherot, etc... « Les prix des denrées seront payés au prix maximum (sic) ainsi que les frais de transport », arrêté du 28 pluviose An II ( 16 2 1794).
            Le mobilier des récalcitrants est saisi et mis aux enchères sur la place publique, celui de François Parcheminey sera vendu le 10 frimaire an II par maître Poutot notaire. Les biens non vendus, en particulier la literie, seront donnés à l’hôpital de Faverney.


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Source : Archives départementales de la Haute-Saône, Registre des délibérés du conseil municipal de Fouchécourt.