Chemins vicinaux Fouchécourt Retour
Voie-dessus ou voie-dessous ?

 

         La polémique concernant l’aménagement des voies d’accès au village, vers la fin du XIXéme, a tellement marqué les habitants que les échos en sont parvenus, par voie orale, jusqu’à ma génération. Qu’en était-il exactement ?
         Dans la deuxième moitié du XXéme siècle, Fouchécourt est essentiellement un pays de cultures. Mis à part la «prairie », située en bord de Saône, tous les terrains sont cultivés et produisent des céréales : blé, avoine et orge. Il y a peu de vaches laitières, peu de chevaux et les bœufs sont utilisés comme bêtes de somme.
          Le commerce des graines se fait à Jussey. La seule voie praticable pour s’y rendre est le chemin de Mercey, mais il faut doubler les attelages au franchissement des côtes. En outre le fourrage vient(déjà à cette époque) de la prairie de Gevigney. En 1882 le meunier d’Atre-moulin demande l’aménagement d’un chemin pour la desserte de son moulin. Les chariots du meunier empruntent une voie très mal entretenue, longeant la rivière et souvent inondée. Pour ne pas s’embourber il passe à travers la prairie. La municipalité porte plainte, cette plainte est rejetée.
           Il devient vraiment urgent d’aménager une voie convenable rejoignant le moulin et la route permettant de se rendre à Jussey, à la gare de chemin de fer de Montureux et à la prairie de Gevigney. L’ensemble du conseil municipal est bien d’accord sur le sujet mais deux projets s’affrontent :
          Celui des «Royalistes », majoritaires au C.M., sous la conduite de Joseph Porcherot, prévoit l’aménagement d’une voie partant du haut du village, passant par le bois et rejoignant le moulin et la route de Gevigney, avantages : meilleure desserte des champs et des bois, inconvénients : dénivellement important surtout pour les exploitations du bas du village.
         Celui des « Rouges » minoritaires ayant à leur tête Jules Barthélemy, propose un chemin «sous le bois », éloignée de la rivière et légèrement surélevée afin d’éviter, au mieux, les inondations, avantages : aucune dénivellation pour les exploitations du bas du village. Vous l’avez sans doute deviné : les « Royalistes » habitent majoritairement dans le haut du village (Porcherot dans la maison actuelle d’Adrien Garret) et les « Rouges » dans le bas !
         En juillet 1884 le préfet du département demande une subvention à la commune pour la construction d’un pont sur la Saône. Le CM refuse : la commune ayant de grandes difficultés financières pour financer le chemin «du bois » et l’aménagement du nouveau cimetière il estime qu’il lui est impossible d’attribuer une quelconque subvention pour la réalisation d’un pont qui aurait peu d’utilité pour les gens du village. Il faut croire qu’un arrangement a été trouvé avec les autorités préfectorales car, un mois plus tard, le CM vote une subvention de 2300 fr pour la construction du pont et relance le projet de la « route du bois » (appelée "charriére du bois") mise en service en 1888.
         Il faut croire que cette voie nouvelle ne donne pas satisfaction aux villageois car, aux élections municipales de 1892 les « Rouges » obtiennent la majorité. Dés le 4 octobre de la même année le projet d’établissement d’une voie « sous le bois », l’actuelle « voie-dessous » est voté et sera financé par un nouvel emprunt de 3700 fr.
        Sa réalisation mettra 8 ans. Tout d’abord une procédure d’annulation de la décision du C.M. est introduite auprès des autorités préfectorales. Bien que rejetée car motivée par des raisons personnelles « dixit le préfet », cette procédure retarde la mise en route du projet. Plus grave encore : il faut acheter, ou exproprier, les terrains nécessaires à la construction de la route. La «prairie » est divisée en petites parcelles, les «rouges » bien évidemment font traîner les procédures d’expropriation.
           Enfin cette voie est mise en service en 1899, la même année que le pont dit de Baulay.
         Voilà donc Fouchécourt doté de 3 nouvelles voies d’accès, mais il faut croire que toute cette procédure a lassé la population car, aux élections du 24 3 1900, les «royalistes » l’emportent. Dés lors le C.M. du village restera fortement encré à droite « l’Action Française » remplaçant les «royalistes », et ce jusqu’au lendemain de la deuxième guerre mondiale ou le C.M. deviendra apolitique.

      
PS : L'étroitesse de la " Voie-dessous " et le très mauvais état des accotements du surtout aux inondations par arrêté municipal cette voie a été mise en sens unique au début de 2001. Cet arrêté n'étant pas respecté il a été ,tout simplement annulé (sic)La municipalité a demandé le classement de cette voie en route départementale. Ce classement nécessitant d'importants travaux : élargissement et rehaussement, il est peu probable, hélas pour nous, que la nouvelle majorité du Conseil Général, donne suite à une telle demande malgré le battage médiatique en cours.
     
On peut toujours rêver....si ce projet se réalise Fouchécourt aurait droit de passer à la TV dans l'émission "Combien ça coute...rubrique (Où passe l'argent publique)"

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