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En train.
Le TGV était parti à l’heure avec pour mission de déposer quelques cadres nomades dans leur nid avant l’heure du dîner. L’un deux lisait ses emails sur son PDA. Deux autres étaient penchés sur le même portable PC dont le lecteur DVD tempêtait au son d’un film d’action en THX. Un amant chuchotait l’heure de son arrivée (et plus si entente) à sa blonde, via un minuscule cellulaire WAP.
On se serait cru dans un « infomercial » pour une propagande d’obédience high-tech.
A une exception près : un grand homme gris du costume aux lunettes, rare côté cheveux, mais bien pourvu rayon attaché-case, avait sorti de ce dernier moult vestiges anachroniques : cahiers à spirales de couleurs différentes, deux stylos à billes et une calculatrice grande comme mes deux mains, pratiquement un tank !
L’homme alignait ce qui devait être des chiffres, inlassablement, rapidement, sûrement d’un Bic aussi opiniâtre qu’un pivert. Il allait parfois chercher je ne sais quoi (j’aurais tant voulu savoir !) dans d’autre cahiers. De temps en temps il s’en allait vers la cabine téléphonique du wagon voisin, bloc-notes d’une main, carte téléphonique de l’autre et stylo entre les dents.
Je me demande encore pour qui il travaillait , Et qui il était ? Un comptable écolo, réfractaire au tout électron ? Un intemporel activiste de la tribu boulier et calcul mental ? Ou un excentrique soucieux de cultiver son idiosyncrasie à tout prix.
J’ai souvent repris le même train, je n’ai jamais revu le grand homme gris....