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Improvisation sur la notion du temps.

Celui qui fut sans limite et d'une longueur infinie, mais qui va et se rétrécit.
Celui qui a laissé ses traces quoiqu'on fasse. .
Il y a le temps de la folie et celui de la sagesse, .
Il y a le temps du souvenir et le souvenir du temps,.
Il y a le temps de l'oubli et celui du pardon..
Il y a celui qui passe trop vite et celui qui ne bouge plus, comme une vieille horloge détraquée..
C'est celui-ci qui vous guette lorsque, dans la salle d'attente d'un hôpital, vous attendez les résultats de l’opération d'un être cher. Le temps devient incontrôlable, mesquin et cruel lorsque les heures passent, que les minutes ne sont plus de soixante secondes. Vous êtes arrivée très tôt le matin, et les autres familles qui sont venues plus tard sont appelées avant vous… et vous ne savez rien et le temps passe autour de vous, mais pas pour vous et lorsque vers le soir, le chirurgien s'approche, vous ne savez pas si vous êtes restée là neuf heures ou neuf minutes. .
Et lorsque l'on vous laisse quelques instants dans la salle de réanimation, en voyant cet homme qui ressemble plus à une momie qu'à un vivant, cet homme avec qui vous avez fait l'amour… et quelquefois, la guerre… vous mettez une main sur votre bouche pour étouffer votre peine… et le temps n'est plus là, il n'est plus rien, il ne compte plus.
Et puis, il reviendra à lui, cet homme qui est un peu vous-même, mais il y aura toujours « avant » et « après »... et rien ne sera plus pareil. Le temps reprendra son cours normal avec des années, des mois, des jours… il nous faudra comprendre qu'il y a le temps du travail et celui du repos, qu'il y a le temps de la souffrance et celui de la joie. Il nous faudra comprendre qu'il nous en reste du temps, qu'il ne faut pas le gaspiller, que seul il ne sait rien faire, que c'est à nous de l'enrichir, de l'embellir, de l’agrémenter, de le gérer..
Il nous faudra apprendre l'espoir… Il y a le temps qui reste et qui nous sert à aimer.

Aliza-Claude Lahav