Les Desoche à travers les siècles.(3)
An milieu du XVIIIéme les choses évoluent. Les impôts augmentent sous Louis XV qui dilapide les ressources du Royaume. Comment a t’ont pu surnommer ce triste sire "le bien aimé " alors qu’il proclame "après moi le déluge ". Les tensions qui traversent la société rurale se traduisent par des «émotions populaires » qui sont dues soit à la misère consécutive à de mauvaises récoltes, soit, plus souvent encore, aux excès de la fiscalité royale.
Le 16 février 1693 la population de Bougnon se rassemble sur la place publique en présence de maître Grapin notaire pour protester contre un nouvel impôt royal de 426 livres. Elle désigne des représentants dont Nicolas et Jean FERT (le père de Denise), et Jean-Claude RÉAL (un ascendant du mari de la «tante Louise » ?) . Bien entendu cette «manif » n’a donné aucun résultat et les «députés » ont été «embastillés ». Prés d’un siècle plus tard, le cahier de doléances du village indique que tout le grain sort du village et qu’il ne reste que la paille.
Les habitants de Gésincourt, plus malins sans doute, par on ne sait quel stratagème, disposaient, et ce depuis 1628, d’une chambre de franchise. Il suffisait de s’y faire transporter et d’y expirer pour mourir franc c’est à dire dispensé de mainmorte.
A la lecture des registres paroissiaux de cette période on constate que le niveau d’instruction des curés du village s’améliore, les actes sont écrits, non seulement en excellent français, mais avec une qualité calligraphique à faire rougir de honte les secrétaires de mairie d’aujourd’hui. Le recrutement ne se fait plus uniquement dans la noblesse dépravée mais de plus en plus chez les roturiers. Il n’y a eu aucun curé d’origine noble à Villers. Alors que la noblesse et le haut clergé pensent qu’ouvrir une école c’est «semer le trouble dans le village » ces braves curés transforment le catéchisme en école. Ils sont plus proches du peuple et de ses misères. Pourquoi le curé de Villers ne veut plus reverser au prieuré les sommes qui légalement lui reviennent, pour les garder pour lui ? certainement pas ! Et son refus de les percevoir ? Nous avons vu plus haut que ces rébellions ont été sans suite. A voir, car, venant du bas clergé, elles ont été le ferment de la Révolution, du moins dans notre contrée, et expliquent les révoltes paysannes dont nous parlerons plus loin.
A ce stade de la narration, peut-être un peu longue pour le lecteur, nous ne pouvons nous empêcher, afin d’illustrer ce qui précède, de vous conter les démêlés de Monseigneur Félix Emmanuel DOROS, abbé du prieuré de St Marcel (Village situé près de Jussey), avec l’abbaye St Bénigne de Dijon dont il dépendait.
Dans les entendus d’un jugement rendu le 17 juin 1710 on lit :
"Le Prieur de Saint Marcel et Noroy de traitter avec ces mefmes Habitans au fujet de leur main morte , & de les affranchir& des deux tailles à volonté aufquelles ils eftoient fujets moyennant 50 livres par an....qu"il eft très certain que part un Acte auffi important que l"affranchiffement des Habitans de deux Villages eft une aliénation confidérable de biens Ecclefiaftique il aurait fallu du moins le concours & la participation des religieus & du couvent faute de quoi pareil affranchiffement aurait efté abfolument nul, & vitieux »"