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Histoire I

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Chapitre I- de l’époque gallo-romaine au XVIème .

Faisant partie du Portois (région de Port sur Saône), au nord de la Séquanie (CITAS VESONTIONENSIUM). Le premier titre qui mentionne Fouchécourt est de l’an 1164. Avant cette date il est inutile d’invoquer les chartes, les légendes ou les chroniques : tout est muet pour l’histoire ; tout a disparu dans les invasions barbares qui, pendant plus de six cents ans , n’ont cessé de répandre le fer et la flamme dans nos contrées. Quelques vestiges retrouvés au XIX éme siécle au Moulinot : tuiles romaines , cercueils, pierres tombales, fondations de l’ancienne église, voilà tout ce qu’il nous reste pour retracer l’histoire de ces temps reculés...c’est bien peu.. Nous ne pouvons juger que par les données de l’histoire générale.
           On sait que dès les temps celtiques, la Saône est la rivière par excellence, la mère du commerce. Aussi sa possession et la question des péages allumèrent ces fatales discordes qui livrèrent la Gaule aux Romains. Ceux ci confièrent la navigation de l'Arar (la Saône) à une classe d'hommes choisis parmi les nobles des Eduens et des Séquanais. Dans « La guerre des Gaules » Jules César écrit : il existe en Gaule une rivière au cours langoureux. Le prêteur Lucius Antistitius Vetus, campé sur les frontières de la Germanie, sous le règne de Néron, proposa le creusement d'un canal de la Saône à la Moselle afin de relier la Méditerranée à Trèves. Cette voie navigable ne fut établie qu’au XIXème siècle.
           On peut donc supposer que les rives de l’Arar, devenu au IV siècle la Souconna (1) , puis la Songne, la Sogne et enfin, au XVI, la Saône sont très fréquentées par les Arariques (bateliers) dés la période romaine. Chez nous, au Moulinot, se rejoignent deux voies romaines : Besançon-Corre et Port sur Saône-Corre. La traversée de la rivière est assurée par un bac et la voie romaine passe ensuite par Baulay (2), Buffignécourt et Contréglise.. Les Romains font surveiller et garder ces passages payants par un poste militaire.
            Lors des travaux de nivellement exécutés vers les années 1860, en dessous des fondations de l’ancienne église Saint Martin aux dimensions imposantes et dont nous parlerons plus loin, on a trouvé d’autres fondations plus importantes, sans doute celles d’un bâtiment romain. Il est fort probable que ce bâtiment servait à la fois de garnison pour les soldats romains et de « gîte d’étape » pour les bateliers et les routiers Histoire.
            En outre quantité de cercueils ont été mis à jour appartenant à deux époques différentes : la première remontant aux époques romaine et mérovingienne, la seconde concernant le cimetière chrétien implanté autour de l’église Saint-Martin.
            Les cercueils de la nécropole la plus ancienne ne portaient ni date ni inscription et mis à part le curé de Baulay, l’abbé Menigot et l’instituteur, M.Petit (3), personne ne prit grand soin de ces sarcophages dont la plupart furent détruits sans que leur contenu ait été vérifié. Toutefois dans l’un d’eux on trouva une épée et une monnaie frappée au sceau de Clovis II, roi de Bourgogne et de Neustrie(635-657), fils de Dagobert Ier et époux de Sainte Bathilde. Dans un autre on découvrit une petite boite ronde de 8 cm de diamètre avec l'inscription : « Ave Maria ». (Recherche sur l’histoire de Purgerot par F. GOUX).


1 Rivière de sang, dénomination contestée….
2 Des vestiges de cette voie romaine ont été découverts, au XIXème, lors de la construction de l’abreuvoir, rue de la Taillefosse..
3 Sur leur demande des archéologues inspectèrent les ruines.

            Revenons à l’époque Gallo-Romaine, (- 50 AVJC+450 )ce fut une ère de paix , d’ordre et de progrès dans le pays ; les défrichements furent étendus et les terres mieux cultivées. Ajoutons que le passage d’une voie militaire et, mieux encore, le poste romain et ses annexes, au bord même de la Saône, durent êtres, pour le pays, une cause de prospérité particulière.
En 450 un peuple venu de Germanie, les Burgondes, s’établit dans la vallée de la Saône, prend les deux tiers des terres et asservit une grande partie de la population. En 451 la région est ravagée par les Huns commandé par le terrible Attila..
            En 534 la région passe sous la coupe des Mérovingiens. Commence alors une grande période de guerres presque continues et de grande misère matériel et moral. Vers l’an 600 invasion des Alamans (1). En 725 les Arabes remontent la vallée du Rhône, envahissent la Bourgogne et la Champagne. Les dénominations sarrasines, indiquant le passage des farouches enfants de Mahomet ne sont pas rares en Franche-Comté, le chemin des Sarrasins à Arbecey par exemple. A partir de 771, sous le règne de Charlemagne la contrée retrouve un calme relatif. C’est à cette période que l’on situe la construction de l’église Saint Martin sur les ruines des bâtiments romains. Un très ancien Pouillé de 1236 dit qu’elle était mère de 7 ou 8 paroisses environnantes : Baulay, Aboncourt, Gevigney, Chargey, Lambrey et Purgerot. Au fils des siècles elle perdit de son importance, chaque paroisse édifiant sa propre église (2), fut gravement détériorée durant la guerre de 10 ans et abandonnée par manque de population. Nous verrons plus loin qu’elle fut transférée, au XVIIIéme, au centre du village.

1) C’est peut être à cette période que notre village, propriété d’un Alaman du nom de Fulcher, pris le nom de Fouchécourt.
2) Gevigney=1250, Chargey=1541, Purgerot=1550, Baulay=1558, Lambrey=1654, Aboncourt=1773,


            Revenons au VIIIéme siècle, en 843 au partage de l’Empire la Bourgogne transjurance, qui allait devenir le comté de Bourgogne, est comprise dans la part de Lothaire, passe de mains en mains pour finalement échoir, en 1032, à la mort de Rodolphe III roi de Bourgogne, dans la mouvance impériale germanique.
En 926 nouvelle invasion : les Hongrois dévastent les deux rives de la Saône.

Du Xéme au XIVéme siècle.

            Il faut attendre 1164 pour trouver le nom de Fouchécourt dans les documents d’archives. Son orthographe est variable suivant les écrits Fuchecort 1128, Fulgescort 1178, Fulchecort 1184, Fouchecort 1228, 1635 Fourchïecour, Fourchüecour 1363, Fouchiécourt 1461 et ne prendra définitivement le nom de Fouchécourt qu‘au XV éme siècle. A noter que dans un acte de 1315 on retrouve l’orthographe actuel et que sur certains documents il est précisé : sur Saône.
            Durant ces quatre siècles les renseignements concernant notre village sont rares : en 1223 le mariage à Baulay d’un habitant de Fouchecort, en 1220 on trouve un relevé des dotations dues par le village de Fouchécourt au prieuré de Saint Marcel (mais de quel Fouchécourt s’agit-il ?).
En effet il existe en France deux localités du nom de Fouchécourt. Rien de bien original mais ces deux villages se trouvent à environ 50 km l’un de l’autre, tous les deux situés en bord de Saône et à proximité d’un village nommé Montureux, les Baulay (pour notre Fouchécourt) et sur Saône pour l’autre. Autre particularité, sous l’ancien régime, ces deux villages appartenaient au diocèse de Besançon et au décanat de Faverney bien que faisant partie de deux baillages différents : celui de Vesoul (baillage d’Amont) et celui de Langres.
           Se basant sans doute sur les travaux de Dom Grappin publiés dans l’almanach de Franche-Comté de 1785, Louis Suchaux dans sa première édition de l’annuaire de communes, publié en 1845, ne parla que d’un seul Fouchécourt, plaçant le prieuré bénédictin de Saint Valbert, de Fouchécourt (Vosges) dans notre village. Pire, dans sa deuxième édition de 1866 il écrit :
« Le prieuré de Fouchécourt en Lorraine possesseur de vastes territoires y établissait des succursales. Il est donc permis de supposer :
-Que le prieuré en faisant édifier une chapelle prés de l'emplacement qu'occupe le village actuel donna son nom au village naissant.
-Qu'il établi une maison de son ordre à peu de distance de la chapelle.
-Que la chapelle et le couvent furent détruits pendant les guerres du 14 et du 15 éme siècles et que le village fut transporté sur l'éminence où il se trouve actuellement. Ces conjonctures nous semblent justifiées par les ruines que l'on voit dans la commune et surtout par le fait que le prieuré de Fouchécourt (Lorraine) à conservé à Fouchécourt (Franche-Comté) jusqu'à la révolution différents droits notamment celui de patronages ecclésiastiques ».

            Ces déductions nous paraissent peu convaincantes car :
            Sur aucun document antérieur à la Révolution on ne trouve, pour notre Fouchécourt, une quelconque référence au prieuré de Saint Valbert.
            Mises à part celles de la première église dédiée à saint Martin, il n'y a, en 1866, aucune ruine visible dans la commune.
            En 1682 Charles-François Jorain, curé de Menoux et doyen rural rend compte des visites effectuée dans les églises du décanat de Faverniaco (Faverney)...il n’y a qu’un Fouchécourt où se situe une abbaye de Saint Valbert dédiée à Saint Benoît !. Il est vrai qu’à cette période, peu après la guerre de 10 ans, épisode comtois de la guerre de 30 ans, l’ancienne église Saint Martin est en ruine et abandonnée.
            Un autre compte rendu de visite datant de 1746 évoque, en parlant d’Aboncourt, la chapelle de Fouchécourt et, sur le Fouchécourt où se trouve l’abbaye de Saint Valbert, précise que cette localité se situe dans le Barois, en Lorraine 2 .
            En 1748 Jean Queret établit un état des villes, bourgs et villages du comté de Bourgogne où il est question d’un petit village de 20 feux, nommé Fouchécourt, dans le voisinage de Jussey, à côté d’une église dédiée à Saint Martin.
            Les erreurs de Dom Grappin et de Suchaux ont perduré jusqu'à nos jours : recherchant aux archives du Doubs des renseignements concernant Fouchécourt je suis tombé sur les attendus d'un procès intenté à un habitant du village de Fouchécourt (canton de Combeaufontaine ) au sujet de la construction d'un barrage sur la Saône. Or à la lecture du document, les précisions données (lieus dits, villages environnants) je me suis aperçu qu’il s’agissait de Fouchécourt dans les Vosges !
Cette mise au point étant faite revenons aux documents concernant Fouchécourt. En 620 un prince austrasien, béatifié sous le nom de saint Romaric, fondait dans les Vosges un monastère de femmes qui brilla d’un vif éclat : le Chapitre Saint Pierre de Remiremont et, pour en assurer la dotation, lui donna moitié de ses terres consistant en 1400 terrements ou fiefs dans les diocèses de Toul, Bâle, Besançon et Châlon sur Saône dont le fief de Fouchécourt.
            Par la suite des seigneurs et les archevêques de Besançon, ajoutèrent à ces libéralités. Les fidèles ne se montrèrent pas moins généreux et, pour gagner la miséricorde divine enrichirent le monastère par des dotations faites à l’article de la mort pour le repos de leur âme. Ainsi les richesses du glorieux chapitre étaient-elles considérables, en 1789 l’Eglise de Remiremont percevait des redevances sur plus de 200 villages.
            On pense généralement que, si chaque localité avait son seigneur, celui-ci en était le maître unique et absolu. Il n’en était rien, il n’était pas rare de voir dans une localité deux ou trois puissances féodales exercer leur droits respectifs. C’est le cas à Fouchécourt au début du second millénaire où l’on trouve un seigneur (de la Roche) et le fief de Remiremont.
            Cette abbaye de dames n’a rien à voir avec les abbayes cisterciennes. Les Dames de Remiremont ne prononcent pas de vœux, elles assistent certes aux offices religieux, durant la journée, mais laissent leurs voile à l'église et rendre chez elles où elles mènent une existence brillante, voir luxueuse. Contrairement aux moines cisterciens elle ne salissent pas leur jolis doigts dans le défrichement de leur domaine laissant cette tâche à leurs vassaux.
Dans les pièces concernant les droits des Dames de Remiremont, dont la plus ancienne remonte à 1290, il est question d’un maire résidant à Fouchécourt et chargé de gérer les fiefs de Fouchécourt, Baulay et Amance. Ce maire n’était pas un agent de la communauté mais bien un officier des Dames. C’était lui qui, moyennant certains avantages, un « mein » et des terres, gérait les affaires de l’abbaye. La charge était héréditaire.
            Au cours des siècles l’abbaye subit des pertes importantes mais le fief de Fouchécourt existait encore en 1446. Il nous reste en effet mention d’un acte par lequel l’abbesse Henriette de Vienne reçoit à Amance, en l’église Saint Laurent, l’hommage de Hugues Girardey son maire « à Fouchécourt ».
             Après le passage de Tremblecourt en 1595 ces ‘Dames de Remiremont’ n’ont pas put rétablir leurs droits sur le fief de Fouchécourt. En 1615 le sieur Paulin, receveur de Madame l’Abbesse, assisté du sieur Guénon, clerc des aumônes, font une visite sur les lieux et établissent un rapport très pessimiste : à Baulay reste un pré d’une faux et demi, à Amance « ...il ne s'y trouve présentement droicts, censes, rentes n'y auctthorytez quelconques... » Fouchécourt n’est même pas mentionné !
            De 1340 à 1453 c’est la guerre de 100 ans avec l’invasion anglaise qui pénétra jusqu’à la Saône. La peste noire suivie de six autres aussi funestes et, pour comble, les Grandes Compagnie, Routiers, Malandrins, Tard-Venus, Ecorcheurs, Retondeurs venant les uns après les autres, piller, brûler et dévaster notre région.. En fin de compte, et comme conséquence de 150 années de guerres et de fléaux divers : les terres en friches, les villages incendiés, les bêtes fauves courant la campagne.
 

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