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Histoire II
Du XVéme au XVIIéme
siècle
La paix à peine
revenue, en 1480, après la mort de Charles le Téméraire, Louis XI s'empare
de la Bourgogne et de la Comté devenue Franche, Vesoul et son château sont
totalement détruits. En 1493 Charles VIII rend cette dernière province à
L’Allemagne.
Dans les années
1566 à 1569 ce sont les guerres de religion, des bandes de calvinistes venus
d’Allemagne saccagent tout sur leur passage et dévastent les abbayes de
Clairefontaine et Cherlieu. Puis suivent les pestes de 1571, 1576 et surtout
celle de 1586 qui décime plus de 10% de la population.
En 1595 Henry IV,
désireux d’enlever le Comté de Bourgogne au roi d’Espagne, charge un
capitaine lorrain : Louis de Beauveau, seigneur de Tremblecourt,
d’entrer dans la province, la ravager et préparer sa conquête, En février
1595 Tremblecourt pénétre en Comté par le cours supérieur de la Saône et
ravage tous les villages de la rive droite de Jussey à Port sur Saône.
Quittons
l’histoire générale et revenons à Fouchécourt. En 1400 Jean de Villé,
seigneur de la Roche possède la seigneurie de Fouchécourt du domaine des
comtes de Bourgogne. Le dictionnaire des communes indique que cette
seigneurie passe de mains en mains(en 1545 elle dépend du bouillant Marc de
Rye, seigneur d'Amance), puis est vendue, en 1681, à Claude François Salivet.
Toutefois le dénombrement de 1654 indique la présence, à Fouchécourt, de
serviteurs du seigneur de la Roche ce qui laisse planer un doute sur les écrits du dictionnaire des communes qui, par
ailleurs n’évoque pas le fief de l'abbaye de Remiremont.
Jusqu’au dénombrement
de 1654, nous n’avons aucune idée de l’importance du village. Le fait
qu’il soit le siège du maire du fief des dames de Remiremont , laisse à
penser qu’il avait une certaine importance avant la guerre de 100 ans, mais
qu’il fut plusieurs fois détruit et reconstruit aux cours des guerres.
La première maison en pierre du village semble être celle à
tourelles située derrière l'église. On peut lire sur l'une des pierres
du portail de la grange l'inscription : AGOVINE EN LAN 1608. A cette époque
seul les notables construisaient des demeures en pierres. Les autres
maisons sont en bois et
couvertes de toits de chaume. A titre d’exemple, en 1508, il y avait à Rioz
10 maisons de bois et 2 maisons en pierre et en bois 1
En 1576 le parlement de Dole, alors capitale de la Comté, ouvre un procès
contre plusieurs habitants du village, dont un certain Claude Clerc, pour
blasphèmes, outrages et plaies ouvertes. En 1613 nouveau procès contre Benoît
Vieille, prévôt des maréchaux de Bourgogne, et Claude Goussot pour exaction
et malversation à Fouchécourt 2.
Arrive la guerre de 10 ans (1634-1644), la région est mise à sac, les
villages détruits et désertés pendant prés de quatre ans. Rien sur notre
village mais Jussey et Baulay étant incendiés il en a été sans doute de même
pour Fouchécourt. La contrée est dévastée aussi bien par les ennemis
(Bernard de Saxe Weymar) que par les alliés (Gallas) des Comtois. Le 12
septembre 1636 Weymar saccage Jussey et en octobre-novembre détruit les
villages environnants. Gallas campe à Breurey et, vers la fin de l’année,
attaque Weymar, le refoule sur la Champagne en saccageant tout sur son
passage, incendiant l’église de Noroy les Jussey où la population
survivante s’est réfugiée.
Dans l’histoire de Jonvelle, l’abbé Coudrier indique que, fin 1636 l’armée de Gallas
occupait les villages désertés de Lambrey, Arbecey, Gevigney, Mercey, Fouchécourt,
etc..., les habitants survivants
vivent dans les bois, les grandes villes ou émigrent en Suisse, en Savoie et
même en Italie. La famine, la peste déciment la population. On mange de tout
pour survivre : des herbes, du bois, des animaux morts et même de la
chair humaine. Relatant ces événements le marquis de MONTGLAS écrit : «La
postérité ne croira jamais, tout était si ruiné, les villages étaient
brûles, les habitants morts, et la campagne tellement déshabitée
qu’elle ressemblai à un désert(... ) les paysans retirés dans les villes
y étaient entassés et sans ouvrage ».
Récit d’un témoin « On
vivoit de l'herbe des jardins et des champs. Les charognes des bestes mortes
estoient recherchées aux voiries ; mais cette table ne demeura pas longtemps
mise. On tenoit les portes des villes fermées, pour ne se veoir accablé du
nombre de gens affamez qui s'y venoient rendre ; et hors des portes, les
chemins demie lieue loing
estoient pavez de gens hàves et deffaicts ' la plupart estendus de foiblesse
et se mourant. Dans les villes, les chiens et les chats estoient morceaux délicats;
puis les rats estants en règne furent de requise. J'ay veu moy mesme des gens
bien vestus relever par les rues des rats morts jettez par les fenestres, et
les cacher pour les manger. Enfin on en vint à la chair humaine, premièrement
dans l'armée, où les soldats occis servoient de pasture aux autres, qui
coupoient les parties plus charnues des cadavres, pour bouillir ou rostir, et
hors du camp faisoient picorée de chair humaine, pour vivre. On descouvrit,
en certains villages, des meurtres d'enfants tuez par leurs mères, et de frères
par leurs frères, pour se garder de mourir de faim. C'estoit partout la face
de la mort 3. Au cours de cette période la Franche-Comté perd les trois-quarts de
ses habitants.
Cette terrible épreuve terminée le dénombrement
de 1654 indique, à Fouchécourt, 9 feux et 22 habitants :
Estienne
PARCHEMINEY
Claude DEROCHE
Sébastien
PARCHEMINEY
Deile PARCHEMINEY
Léonard CLERC.
Et
quatre étrangers résidents (il faut repeupler !) :
Jean VINCENT, du
pays de Limoges, maçon, depuis 1 an (résident depuis...)
Jean LEGROS, de
Langres, granger du seigneur de la Roche, depuis 3 ans.
Humbert BOUVILLE
de Lorraine, amodiateur du seigneur de la Roche, depuis 8 mois.
Jacques, de
Lorraine, granger que l'amodiateur a amené avec lui, depuis 8 mois.
Au dénombrement
de 1657 nette augmentation de la population : 13 feux et 61 âmes:
Jean LEGROS, sa
femme, 3 enfants.
Nicolas, sa
femme, 2 enfants.
Charles LALLEMAND
sa femme, 1 enfant.
Frïcquand
GOLIARD sa femme, 3 enfants.
Estienne
PARCHEMINEY ( echevin du village) sa femme, 2 enfants.
Deile PARCHEMINEY
sa femme, 4 enfants.
Claude DEROCHE sa
femme, sa mère, 4 enfants.
Driaine BARBIER,
son gendre sa femme, 1 enfant, 1 servante.
La grande
Marguerite, 3 enfants.
Jean VINCENT sa
femme, sa mère, 1 enfant.
Bastiain
PARCHEMINEY sa femme, 5 enfants,
Bastiain PAIDON
sa femme, 2 enfants, 1 servante.
Guillaume
POINGNAND, 1 enfant.
Remarque : A
cette époque tous les individus n'étaient pas
encore désignés par un nom de famille (Ex : la grande Marguerite qui,
par la suite, a certainement reçu le patronyme de LEGRAND ou LAGRANDE).
On retrouve actuellement au village le patronyme Parcheminey, famille
ayant habité, jusqu'au milieu du XXéme, la maison à tourelles.
La région vit à
nouveau une époque troublée, celle des deux
conquêtes françaises. La première en 1668, mais l'année suivante,
la région retourne à la couronne d'Espagne. La seconde en 1679 qui se
termine, cinq ans plus tard, par le traité de Nimègue, sous le règne de
Louis XIV la Franche-Comté passe
définitivement au royaume de France.
Ce traité a
ramené la paix et permit aux rescapés de reconstruire leur village détruit.
Mais les paysans vivent dans la misère : habitants des cabanes de
construction grossière couvertes de chaume, vêtus de vêtements en mauvaise
toile à demi pourrie... mal
nourris, pain d'orge et d'avoine dont on ne retire pas le son, quelques
mauvais fruits et quelques herbes potagères cuites à l'eau, quelques «cartoufles »
(les tartuffoli d’Italie) sorte de racines rondes à chair rouge, l’ancêtre
de notre pomme de terre que Parmentier
n'avait pas encore "aclimatée". On hésite à cultiver les «cartoufles. ».
Ces racines soulevant la terre en grossissant c’est de la sorcellerie !
En 1681 une partie du domaine rural de Fouchécourt, environ 1/4 du territoire, passe aux mains de Claude-François Salivet.
Le fief seigneurial
Le
premier acte officiel dont on ait connaissance à propos du fief seigneurial
de Fouchécourt est une amodiation sur parchemin datant de 1444.
En
1552, le village et ses dépendances constituent un fief dépendant de
Seigneur Hugues Maximilien de Gastey qui en fait établir le "terrier"
, c'est-à-dire un inventaire des bâtiments et des terres, ainsi que des
droits, tailles et redevances dus et reconnus par les habitants et manants du
lieu.
La
culture de céréales variées et de vignes, l'exploitation des bois voisins,
les produits de la pèche en Saône et dans les étangs qui la bordent plus
nombreux qu'aujourd'hui, constituent les ressources du village où aucun
seigneur ne semble avoir encore résidé.
Le
fief change de main en 1582, un nouveau terrier est établi à cette date.
En
1590, Fouchécourt qui est devenu la propriété d'Adrien et de Jean de Mailly,
depuis 1582 , est vendu par Autorité et Décret de la Cour du Baillage
d'Amont au siège de Vesoul, à Charles Renard, Seigneur de Bermont, pour 14
500 Frs.
En
1594, le fief de Fouchécourt fait partie de la Suzeraineté de Charles de
Cirey, tout comme Gevigney et Purgerot. Il est revendu le 14 avril par le
Sieur de Bermont, mais on ne peut déchiffrer sur l'acte le nom du nouveau
seigneur.
Au
début du XVIIème siècle ce fief change plusieurs fois de titulaire. En 1624
Jean-Baptiste Raiscle, seigneur de la Roche-sur-Colombier, était également
seigneur de Fouchécourt, Gévigney et autres lieux.
En
1669, ce même Jean-Baptiste de Raiscle était cornette de cavalerie aux
Pays-Bas pour le service de S.M. le Roi de Castille et d'Aragon. Il loua à ce
moment pour dix ans au sieur Constant sa maison et ses terres de Fouchécourt.
Or il arriva que quelques années après, le dit sieur quitta le pays sans
aviser son seigneur et en laissant les propriétés
en fort mauvais état ...
Il
n'était certainement pas aisé de surveiller son bien quand on guerroyait aux
Pays-Bas, d'autant que l'acte qui définissait les droits du seigneur était déjà
très ancien. Depuis son établissement, la guerre était passée par là ;
les possesseurs et tenanciers des divers fonds avaient changé ; des débordements
avaient dû se produire. De ce fait, tailles, censes et redevances étaient
difficiles à fixer et à recouvrer.
Jean-Baptiste
Raiscle sollicita donc du Roi d'Espagne une mise à jour de ses droits et en
mars 1670 deux notaires, Maître Etienne Vaillant, de Calmoutier, et Maître
Pierre Cardot, de Vesoul, députés de la cour souveraine du parlement de Dôle,
dressèrent un nouveau "terrier".
Ce
document, bien conservé et très lisible pour ses parties essentielles,
fournit des renseignements très précis tant surs les droits féodaux alors
en usage en Bourgogne et Franche-Comté, que sur le village de Fouchécourt à
cette époque.
Il
y est dit notamment que :
"Premièrement
les six représentants assermentés de habitants de Fouchécourt ont déclaré
reconnu et confessé tant en leur nom qu'en celui de tous les autres manants
et habitants du dit Fouchécourt, au dit Seigneur de La Roche, compter et
appartenir à lui seul et pour le tout et non autres la Seigneurie du dit
Fouchécourt en tous droits de Haute, Moyenne et Basse Justice laquelle
s'exerce par les Juges Procureurs Greffiers et Sergents au nom du dit Seigneur
tant et quante fois que bon lui semble et le cas le requiert, en tel lieu et
place qu'il plait aux sus dits Officiers lesquels sont institués par le dit
Seigneur pour l'exécution de la dite Justice au dit Fouchécourt, en laquelle
le Juge peut connaître, en tous cas, ,délit et mésus, qui se commettrais en
la dite Seigneurie, soit sur les communaux, fins et finages terroir, villag,e
marché, rivière, bois et étangs, voir de châtier corporellement et jusqu'à
mort des délinquants qui auraient démérité.
Auquel
effet le dit Seigneur peut avoir des lacets et carcans de fer et ceux-ci
entretenir comme il y en a un au four banal, et de faire dresser si bon lui
semblait un signe patibulaire en tel lieu du finage qu'il lui plairait poux y
faire appliquer au dernier supplice par le Maître Exécuteur, celui ou ceux
qui seraient à ce condamnés.
A
cause de la dite justice, compte et appartient au Seigneur le droit et
l'autorité d'imposer les dits sujets pour les quatre cas statués par la
coutume générale de ce pays et Comté de Bourgogne…"
Il
est précisé ensuite que le seigneur du lieu possède en propre les biens énumérés
ci-après :
"Un
four banal auquel indifféremment tous les habitants et manants
de Fouchécourt sont tenus de cuire tous leurs pains sans qu'il leur
soit loisible de les aller cuire ailleurs sous le danger de l'amende de 60
sols applicable au profit du dit Seigneur. Si il advenait que le four soit
ruiné ou qu'il y doit il faire quelques réparations les habitants sont tenus
de charroyer et de mette en place la terre et le nécessaire et de mettre la
terre qu'il faudrait pour charger la voûte du dit four ; mais il ne sont pas
tenus de payer la taille des pierres étant le Seigneur chargé de faire tout
le nécessaire pour la restauration et réparation du four…"
Un
moulin, dit communément "le Moulinot" avec les trois étangs dessus
du moulin avec les sources de la fontaine et le bief . - - " (ce
moulin se trouvait sur le ruisseau de la Séche à 200 mètres environ de
l'actuel maison dite du Moulinot)
"Le
droit de pêche sur la Saône avec toute pêche de filets et même de venir
sur la Saône, si bon lui semble, avec un barquet pour cet effet et pour son
usage seulement ... " (ce
droit allait du moulin d'Atremoulin à celui d'Effondrey.)
"Une
maison, vulgairement 'le château', sise au dit Fouchécourt, et dans icelle
une cuisine poêle et petite carrée dans le bas , et en haut trois chambres
dont il y a deux a feu au dessus desquelles sont trois petits greniers dans
lesquels pour s'y rendre, il y a un escalier de bois joint une place propre à
faire une petite chambre De plus un grangeage entre lequel et le corps du
logis il y a une cour et un four à l'usage du Seigneur ... De plus il y a une
grande cour devant le corps de logis confrontant la voie commune par devant
... etc"
"Une
petite maison où réside présentement Guillaume Porcherot. Pardessus le
jardin et verger etc ... "
D'après
cette description, le "château" de Fouchécourt est, à
cette époque, un bâtiment beaucoup moins important qu'il ne devait le
devenir quelque temps après. Il ne comporte pas encore, notamment, la grande
salle du rez-de-chaussée, pièce principale de la maison, comme on le verra
par la suite.
L'arrivée
des Salivet
Issu d’une illustre famille Vésulienne, anoblie par Charles Quint en janvier 1532 Claude-François Salivet naît à Vesoul le 8 novembre 1652 A neuf reprise les membres de cette famille furent maïeurs (maire)