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Les Desoche à travers les siècles.(1)

L’idée d’un petit savoyard, ramoneur de son état, obligé de s’expatrier de son village montagnard pour survivre (les sports d’hiver n’existaient pas), tombant sous le charme d’une demoiselle de Fouchécourt, trouvant du travail sur place est certes séduisant mais, hélas, pour les romantiques, la réalité est sans doute bien différente.
    Le premier DESOCHE que l’on trouve se prénomme Pierre. Il vit à Villers sur Port, dans la seconde moitié du XVIIéme siècle, avec son épouse Jeanne Françoise MOUCHU. Pendant quatre générations les DESOCHE restent à Vilaire.
    Le fils de Pierre Jean épouse le 8 février 1695 Denise FERT en présence d’un certain Nicolas BARBEROT ( Nicolas BARBEROT, échevin de Villers, est enterré le 19 octobre 1712 dans le cœur de l’église du village.), lui-même époux de Barbe, la cousine de Denise.
    En l’absence de réglementation précise concernant les mariages, le code Napoléon sera appliqué un siècle et demi plus tard, la rédaction d’un traité de mariage est indispensable si les futurs époux possèdent quelques biens, et si leurs parents veulent les doter. C’est le cas pour Jean et son épouse Denise . Il en sera de même pour leurs deux enfants, Gaspard et Pierre, qui épouseront deux sœurs, traités rédiger le même jour(26-9-1719)
    Par le décret de Villers-Cotterêts du 10 août 1539(articles 50 à 54) François 1er impose au clergé de «tenir registre » des baptêmes et sépultures. En fait la mise en place de ces registres se fera très progressivement, elle commencera à Besançon en 1550 et dans les campagnes beaucoup plus tard. Pour nos villages les plus anciens registres paroissiaux datent de la fin du XVIIéme siècle. Les recherches antérieures se font dans les registres de justice et les actes notariaux.
   
Par le traité de Nimègue (17-9-1678) la Franche-Comté est devenue française. Ce traité met fin à plus de cinquante ans de guerre, de pillages, de massacres, d’incendies. En 1636 l’armée de Bernard DE SAXE WEYMAR (les Suédois) rase Jussey, Amance et les villages environnants. Baulay est détruit de fond en comble et dépeuplé(aucune naissance de 1636 à 1644). Il en est de même à Jussey qui reste 4 ans sans habitant, il en revient 95 en 1641 et le curé ouvre le nouveau registre paroissial par cette phrase : Nomina infentium in eclesia baptizaturum posi reditum populi ( ‘Noms des enfants baptisés à l’église après le retour des habitants.’
    Telles les hordes d’Attila, les Suédois, ne se contentent pas de piller et brûler les maisons, ils torturent leurs habitants, leur font boire de l’eau chaude, de l’urine, du purin et leur ‘ sautent des pieds sur le ventre’ pour tout faire ressortir, leur enfilent des aiguilles sous les ongles, violent les femmes publiquement et enlèvent tout le bétail. A quelques lieues de Vesoul deux paysans sont crucifiés et pour accompagner leur agonie, on leur brûle les pieds. La Saône charrie des cadavres. Conséquence directe de ces massacres la peste fait son apparition...
    Cette même année(1636) les Français chassent WEYMAR du bailliage d’Amont. Pour peu de temps, TURENNE abandonne Jussey qu’il juge indéfendable. C’est le retour des troupes allemandes qui commettent les mêmes excès que les Suédois. La contrée est dévastée aussi bien par les ennemis que par les alliés des Comtois. La famine, la peste déciment la population. On mange de tout pour survivre : des herbes, du bois, des animaux morts et même de la chair humaine. Relatant ces événements le marquis de MONTGLAS écrit : «La postérité ne croira jamais, tout était si ruiné, les villages étaient brûles, les habitants morts, et la campagne tellement déshabitée qu’elle ressemblai à un désert(... ) les paysans retirés dans les villes y étaient entassés et sans ouvrage ». Le 29 mars 1644 c’est le retour de TURENNE qui met Vesoul à sac et massacre ses habitants. Il n’ose pas attaquer le couvent des Annonciades où se sont réfugiés les bourgeois et leur or. La Franche-Comté perd, durant cette terrible période, plus des deux tiers de ses habitants.
    Tout ceci explique pourquoi il ne nous a pas été possible de remonter au-delà de la fin du XVIIéme siècle, toutes les archives paroissiales ayant été détruit. Le traité de Nimègue a ramené la paix et permis aux rescapés de retrouver leur village détruit. Les paysans vivent dans la misère : habitant des cabanes en chaume de construction grossière, vêtus de vêtements en mauvaise toile à demi pourrie... mal nourris, pain d'orge et d'avoine dont on ne retire pas le son, quelques mauvais fruits et quelques herbes potagères cuites à l’eau, quelques «cartoufles » (les tartuffoli d’Italie) sorte de racines rondes à chair rouge, l’ancêtre de notre pomme de terre que PARMENTIER n'avait pas encore ‘naturalisée’. On hésite à cultiver les «cartoufles. ».     Ces racines soulevant la terre en grossissant c’est de la sorcellerie !
Nous avons peine à imaginer comment vivent Jean et Denise nos lointains ancêtres. Denise décède le 30 mars 1702. Dés le 30 mai de la même année Jean épouse Jeanne HANRY avec laquelle il aura d’autres enfants.
    Gaspard convole en justes noces avec une autre Jeanne HANRY 5. Ils ont au moins un enfant, Antoine né en 1724. Ce dernier se marie le 23 février 1745 avec Jeanne Camus de Vilaire. Le couple a 9 enfants : 6 filles, 3 garçons dont un certain Nicolas, dont nous reparlerons, et Jean-Baptiste, notre ancêtre, né le 13 juillet 1764. Un seul de ces enfants est victime de la mortalité infantile(Anne-Eugénie). Claude-François reste célibataire(était-il chanteur celui-là ?) . Nicolas, marié à VILLEMOT Anne-Claude, de Pusy, a 10 enfants : 8 filles et 2 garçons. Deux filles seulement survivent.
    Gaspard décède à plus de 70 ans le 29 mars 1772.

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